Réverbères

La première installation est encore visible sur le mur nord de la Collégiale. D’autres réverbères (nombre non trouvé) seront progressivement installés dans Semur intra-muros aux points stratégiques (carrefour, milieu de rue…), puis, à partir de 1865, dans les quartiers périphériques, notamment les “chaumes”. Mais ce système est peu performant, lourd à gérer… Après moult études, tergiversations et conseils municipaux : en 1880, Semur adopte l’éclairage au gaz et installe environ 120 “becs de gaz”…  avant de passer définitivement à l’électricité, en 1892, l’énergie étant produite par l’usine hydroélectrique du Foulon, sur l’Armançon.

Aujourd’hui, un siècle et demi à deux siècles plus tard, après tous les avatars subis par les constructions semuroises qui existaient au 19e siècle : destructions, ravalements, transformations des commerces, il ne reste que bien peu de traces significatives des réverbères à huile :

  • 2 “trous” sans matériel, porte Guillier et 1 rue de la Fontaignotte
  • 2 boitiers rouillés, abimés, rue Buffon, rue du Fourneau, rue de la Liberté
  • L’originel, sur la Collégiale, en bon état, mais manque sa petite porte
  • Le plus beau spécimen est 16 rue de la Fontaignotte, complet, avec sa poulie.

Porte Sauvigny et Porte Guillier

Ces deux portes ont probablement reçu les noms de notables semurois : Jean de Sauvigny, receveur général de la duchesse de Bourgogne et Guy Guillière, juriste.

« Dès 1411, un compte évoque « la porte maistre Guy Guilliere »…  Attesté de 1382 à 1412, maître Guy Guillière était un important notable de la ville : issu d’une famille anciennement implantée à Semur, c’était un juriste – il était licencié en droit civil –, bien intégré à la société politique du duché (il fit partie d’une ambassade envoyée par les villes vers les autorités ducales) et très riche (il prêta plusieurs fois de fortes sommes d’argent à l’État ducal). Quel lien entretenait-il avec la principale porte de la ville, comment expliquer que son nom fût attaché à celle-ci ? La réponse à la question est incertaine : il en était peut-être le portier, fonction honorifique prisée par les grands bourgeois et susceptible de conférer d’appréciables privilèges, comme l’exemption d’impôts urbains ; il pouvait aussi y résider, comme le suggère un rôle de fouage de 1403 qui montre que « maistre Guy Guillière » habitait au Bourg et plus précisément à une extrémité de ce quartier.» 

Cf Matthieu Leguil,  Maisons, hostels, meix. Les résidences des élites locales en Auxois (duché de Bourgogne) à la fin du Moyen Âge, in Revue historique, 2015/3 n° 675, p.636.

Lavoir 19e siècle

Au 19e siècle, la prise de conscience de l’importance de l’hygiène pour limiter les maladies devient un enjeu de santé publique. Cela se traduit notamment par la construction et l’entretien des lavoirs. Aussi, en 1838, le conseil municipal décide la construction d’un lavoir qui sera alimenté par le ru Baudon. Il est dessiné par l’architecte Maurice Vivant Flamand et sa construction est confiée à l’entrepreneur François Guyon. La réception définitive des travaux a lieu en février 1843. Les quatre baies en plein cintre offrent une belle luminosité et le vaste bassin permet d’accueillir plusieurs lavandières à qui des toilettes étaient même destinées à l’arrière du bâtiment.

Hôtel Gueneau de Montbeillard

En janvier 1775 le couple doit accueillir un visiteur de marque, le chevalier William Carnegie, fils et futur successeur  de l’amiral britannique Georges Carnegie. La lettre qu’il écrit de Paris à son épouse est très évocatrice de son partage des préoccupations domestiques et aussi de la simplicité de leur mode de vie. « Il a un valet de chambre et un laquais : il faut tacher de faire coucher son monde à portée de lui… le valet de chambre, qui me paroit un homme propre, dans le second lit de la chambre… Il faudra peut etre faire rebattre sur le champ un matelas ; tu lui preteras les livres qu’il demandera, tu lui feras boire pour ordinaire le vin de Santenai et pour extraordinaire, aussi souvent qu’il le voudra, l’ancien vin de Beaune… qu’il faudra encore renouveller avec un peu de notre meilleur vin de Genai.»

Donjon

Avec ses hautes tours et ses courtines crénelées dominées par un chemin de ronde où les veilleurs font le guet, le donjon est d’abord destiné à protéger l’ancien château en bloquant l’accès au plateau surplombant l’Armançon. Au cours du 14e siècle son efficacité défensive est sans cesse améliorée. On effectue toute une série d’ouvrages en surplomb pour atteindre les assaillants potentiels, on scelle dans les murailles des fagots d’épine, on installe des échiffes (guérites en bois), des hourds (galeries de bois en encorbellement) et même des panneaux de bois amovibles entre les créneaux. Au 15e siècle on cherche à le protéger encore plus de manière à constituer une forteresse capable de résister à un siège prolongé. Non seulement on entretient avec soin les portes et le pont-levis mais on construit aussi des boulevards (terre-pleins en avant des remparts) et surtout on creuse un puits, toujours visible.

Dans les tours sont entreposés les grains du duc. A l’intérieur des murailles se trouvent différentes constructions : une chapelle, la maison du châtelain (responsable de la châtellenie) et celle du portier, des écuries et une grange pour le foin, un cellier, un four et un moulin. C’est là aussi que réside le représentant direct du duc, le bailli qui bénéficie d’un logement confortable dans la courtine est. La pièce où « il tient sa demeurance », chauffée par une grande cheminée, est éclairée par des verrières décorées aux armes ducales. Il dispose en outre d’une « boutellerie », d’une cuisine et d’une grande salle, pavées. Là aussi se trouve l’auditoire où est rendue la justice, éclairé, comme la grande salle du bailli, par des verrières décorées aux armes ducales. Ce sont encore ces armes qui ornent les bannières flottant au haut des tours.

Cf J. Benet : Semur-en-Auxois au XVème siècle, pp. 166-183

Collégiale et place Notre-Dame

La place Notre Dame, telle qu’elle est aujourd’hui, a beaucoup évolué dans le temps. En effet, derrière le chevet de l’église, le cimetière occupait l’emplacement de la rue Notre-Dame que l’on ouvrit par la suite, et une partie de l’espace devant l’église, où se trouvait une immense croix. C’est là que se tenaient les assemblées d’habitants convoquées « au son de la cloche » et qu’avait lieu tous les ans, le jeudi de la Pentecôte, la procession de la Confrérie du Bœuf. Au fur et à mesure du développement de la population dans le bourg, on s’aperçut très vite qu’il fallait agrandir la place en démolissant les vieilles maisons qui faisaient face à l’église et qui l’entouraient. En 1682, les États de Bourgogne accordent une somme « pour faire une place à Semur des marches au-devant de l’église paroissiale » en détruisant ces constructions insalubres. Pour dédommager leurs propriétaires un impôt supplémentaire est levé sur la ville et les communautés du bailliage.

Mais les alentours immédiats de la collégiale sont encore très encombrés quand en 1843, Viollet-le-Duc rédige une étude préalable à sa restauration. « Sur la face nord du porche est appliquée une maison qui fait passer les poutres de ses planchers à travers le mur jusque dans le porche lui-même. Du côté du midi, le long de la nef, sont accolées des maisons et des cours humides qui pourrissent les murs de ce côté, le terrain étant plus haut que l’église. Contre le pignon sud vient buter le bâtiment de l’hôtel de ville dont le jardin enveloppe toute l’abside et entretient dans cette partie de l’édifice une humidité constante. Des latrines sont disposées entre les contreforts, le côté nord est gâté par des massifs de maçonnerie qui viennent remplir tous les espaces vides entre les éperons. » Les travaux menés par ce grand architecte de 1844 à 1854 sauvèrent alors l’église d’une ruine inéluctable. Toutefois deux maisons, dont une boucherie, bien visibles sur les gravures anciennes, restèrent accrochées à ses murs jusqu’à leur démolition, après rachat  en 1860 et 1865 par le conseil de fabrique. 

Cf N. Bourgeois-Puchot : Chronique du Semurois, tome II, p.133-138

Bateau-lavoir

En ce début de 20e siècle la question de l’hygiène est une priorité. L’amélioration des conditions sanitaires passe, entre autres, par une volonté affichée de faciliter la tâche des lavandières. A la date du 16 février 1906 l’on trouve, dans les registres des délibérations municipales, l’idée d’un projet d’installation d’un bateau-lavoir au bord de la rivière. C’est ainsi que Gustave Gaveau, adjoint au maire, et Ernest Bizouard, architecte, sont chargés d’étudier la question et de faire des propositions. Leur choix se porte sur un modèle proposé par les établissements Favre frères installés à Chalon sur Saône. Le 18 août 1906, le Conseil vote l’acquisition d’un bateau-lavoir de vingt places qui sera acheminé à Semur-en-Auxois par le chemin de fer.Dès le milieu du 20e siècle, l’utilisation du bateau-lavoir devient de plus en plus anecdotique. Avant d’être totalement abandonné, Il est sauvé in extremis en 1988 grâce à l’action de l’Association de sauvegarde des édifices ruraux et de la ville et Installé sur un îlot.

Ancien hôtel du Prévôt de la Maréchaussée

Nicolas Baudot était un notable important : le ressort de sa maréchaussée s’étendait au-delà de l’Auxois sur une partie du Châtillonnais. Désireux de faire construire une demeure digne de son rang, il avait obtenu de la municipalité de Semur la permission de l’édifier sur les courtines arasées de l’ancien donjon, site qu’il avait choisi dans l’espoir d’adjoindre la tour de l’Orle d’or à sa maison. Malheureusement pour lui, il s’avéra que non seulement cette tour mais l’ensemble de l’ancien donjon appartenait au roi et non à la ville. Il dut alors payer un cens annuel et perpétuel de 30 sols au domaine royal. 

Il s’adressa pour son projet à son beau-frère, l’architecte Edme Verniquet (1727-1804). Celui-ci natif de Châtillon-sur-Seine, est l’auteur de plusieurs demeures et châteaux à Paris et en Bourgogne. Il est connu aussi pour avoir levé le premier plan exact de Paris en tant que commissaire général de la voirie de Paris. A Dijon, il avait rencontré Buffon qui lui offrit la possibilité de travailler à l’aménagement du Jardin royal des plantes médicinales (l’actuel Jardin des plantes, siège du Muséum national d’histoire naturelle). C’est lui qui agrandit le bâtiment abritant le cabinet du Roi, aménagea le labyrinthe avec son belvédère et commença la construction de l’amphithéâtre d’anatomie. A Semur pour son beau-frère l’architecte eut à intégrer la construction nouvelle à des bâtiments existants : à droite il ajouta un étage à une aile basse de la fin du 16ème ou début du 17ème siècle par-dessus l’ancienne charpente en carène de vaisseau renversé (qui existe toujours). Il dut modifier la charpente de la maison de gauche pour la rattacher au pavillon central. L’arrière du bâtiment côté rempart est traité sobrement, donnant l’impression de la réutilisation d’une tour carrée. La façade principale est d’une élégance toute néo-classique.

Ancien hôpital

Construit au début du 17e siècle, l’hôtel du Gouverneur existe toujours. On peut le voir au second plan. Il se compose de deux pavillons juxtaposés couverts de toitures à quatre pans très pentus. La grande salle présente une belle cheminée et une tribune supportée par des colonnes torses en bois. Un plafond à caissons ornés de filets dorés décore une des chambres dans le bâtiment de gauche. La célèbre scientifique Emilie du Châtelet, qui était la belle-fille du Gouverneur de Semur, fit plusieurs séjours dans cet hôtel particulier où elle tint salon. C’est à Semur qu’elle accoucha en 1727 de son deuxième enfant, Louis Marie Florent du Châtelet qui porta à son tour le titre de Gouverneur de Semur et surtout exerça une brillante carrière d’ambassadeur à Vienne puis à Londres, avant d’être fait duc en 1770. Il sera guillotiné en 1793.